Karopolis

01 . 2017

Nadia Jelassi

« Karopolis : est-ce le nom d’une nouvelle capitale impériale, comme le fut Carlopolis, du temps de Charles-le-Chauve, petit-fils de Charlemagne, en l’an 876 ? Ou celui d’une ville du futur, dessinée par un esprit visionnaire ? Ou bien le nom qu’on peut donner à la cité dans laquelle nous vivons ?
Ces images ont été faites à Tunis. En 2016. Car Karopolis, bien qu’elle soit faite de carreaux de faïence aux motifs anciens, est une ville contemporaine. Et si l’on trouve dans les images que nous en propose Nadia Jelassi le reflet des manuscrits enluminés de Kalila wa Dimna, des arabesques et des calligraphies, elles se veulent l’expression d’une situation politique qui est la nôtre.
À Karopolis, les hommes ne sont pas seuls. Il y a des fleurs, des animaux. Des oiseaux, des insectes, des chacals… Mais les fleurs ne sont que des motifs de faïences. Les insectes sont en plastique, et se posent souvent sur les hommes comme sur des cadavres. Et les chacals sont ceux de la fable, qui figurent des hommes.
Des hommes figés. Produits en série. Contreplaqués. Avec le fil du bois qui transparaît parfois. Ils s’avancent. Se mettent en avant, en relief. Pour faire bonne figure. Platement. C’est qu’ils sont pris dans des formes contraignantes : cadres, carrés, étoiles, ronds. Si le carré domine, chacune de ces figures leur donnent leur caractère propre et leur nom : Kétoiles, Karonds, Karcs, Kdebouts, Kartets, Kachés. »

Extrait du texte d’Alain Messaoudi

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