Ruthmos

09 . 2016

Haythem Zakaria

Un linguiste célèbre, Emile Benveniste, avait écrit un article sur l’origine du terme rythme à partir de la langue grecque. Dans son étude, il affirme que le mot grec « ruthmos » n’avait pas d’abord la signification actuelle de rythme au sens de répétition avec un temps déterminé, mais désignait plus la forme ou la figure dans une sens déterminé : « Les citations suffisent amplement à établir : 1° que ruthmos ne signifie jamais « rythme » depuis l’origine jusqu’à la période attique ; 2° qu’il n’est jamais appliqué au mouvement régulier des flots ; 3° que le sens constant est « forme distinctive figure proportionnée ; disposition », dans les conditions d’emploi d’ailleurs les plus variées. De même les dérivés ou les composés, nominaux ou verbaux, de ruthmos ne se réfèrent jamais qu’à la notion de « forme ». »1Cependant, à la différence d’autres termes grecs qui disent la figure ou la forme (comme schéma, morphè, eidos…), ruthmos « d’après les contextes où il est donné, désigne la forme dans l’instant qu’elle est assumée par ce qui est mouvant, mobile, fluide, la forme de ce qui n’a pas consistance organique : il convient au pattern d’un élément fluide, à une lettre arbitrairement modelée, à un péplos qu’on arrange à son gré, à la disposition particulière du caractère ou de l’humeur. C’est la forme improvisée, momentanée, modifiable. […] On peut alors comprendre que ruthmos, signifiant littéralement « manière particulière de fluer », ait été le terme le plus propre à décrire des « dispositions » ou des « configurations » sans fixité ni nécessité naturelle et résultant d’un arrangement toujours sujet à changer. »

Extrait du texte d’Arafat Sadallah

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