Numen

03 . 2018

Ahmed Zelfani

Déterminé à aller à l’essentiel, de période en période, Ahmed Zelfani développe l’expressivité de sa peinture et sa singularité d’artiste.

À vue d’œil, son art se dépouille et sa simplicité toujours plus grande, toujours plus affirmée, le rend somptueux !

2ème cycle de « Le Noir est Blanc », l’actuelle exposition de Si Ahmed est une variation colorée de la nouvelle démarche d’un artiste qui sait assurément ce qu’il veut : suivre son instinct, son intuition première avec une entière bonne foi et le souci sage et sincère de se connaître et d’arpenter sa voie.

Et osons à notre tour affirmer une intuition : A l’instar de Matisse, Zelfani est en quête de lumière !  Oui comme disait André Gide à propos du maitre du fauvisme, Zelfani scrute la lumière, rien que la lumière.

Ses toiles verticales aux silhouettes davantage longilignes, comme une filiation secrète des sculptures de Giacometti, vous happent d’un coup : couleurs vives sans la moindre nuance, surface surprenante de rouge vif ou de jaune, étendues audacieuses en aplats qui font surgir d’un coup une luminosité quasiment sidérante car née de cet accord surprenant de surfaces intensément et savamment colorées.   

La lumière comme expression vibrante d’une chaleur intérieure singulière née de l’exercice de la vie et de l’art. Rien que pour cela ces toiles sont l’œuvre d’un plasticien en pleine possession de son art.   

Faudrait-il ajouter à cela une maitrise totale de la composition et une inventivité discrète mais affirmée ? Car à voir de plus près ces silhouettes franchement détachées de leurs environnements, ces formes délibérément séparées de leurs fonds, le scrutateur s’aperçoit que moult contours sont engendrés par sa seule perception et qu’en diverses occurrences, les formes débordent sur le fond et créent des plages nouvelles : une spatialité autre d’une expressivité inédite.

C’est dire que dans une discrétion totale, une délicatesse frugale, Ahmed Zelfani innove, réinvente et s’efface. Emouvante posture de modestie qui secoue l’air du temps, pour lui accorder, un tant soit peu, la mystique qui lui manque.

Sonia Chamkhi

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